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L’Hôtel de Ville de Bruxelles

Introduction

L’Hôtel de Ville comprend actuellement une collection importante d’oeuvres d’art et tout particulièrement de tapisseries bruxelloises. Mais il ne s’agit en fait
nullement d’un musée, car le bâtiment abrite encore à l’heure actuelle une partie des services communaux (les cabinets des échevins, le secrétariat communal, le
service du protocole, ...). Toutes les salles au 1er étage, sont toujours utilisées quotidiennement, que ce soit pour des réunions, des réceptions ou pour des mariages.

Un peu d’histoire

Avant la fin du Moyen-Age, l’autorité urbaine, constituée d’un nombre très limité de personnes, tenait ses réunions en divers lieux. Mais la nécessité d’un bâtiment
conçu pour le gouvernement local se fit sentir dès le XIVe siècle. Un Hôtel de Ville était la marque en quelque sorte de l’autonomie et de la puissance urbaines.

De dimensions modestes à l’origine, cet Hôtel de Ville devint dans le courant du XVe siècle un monument de plus en plus important.

Il se présente actuellement comme un grand quadrilatère autour d’une cour centrale. La partie la plus ancienne se trouve le long de la Grand-Place, elle est du XVe
siècle. Elle a été réalisée en deux étapes: l’aile orientale en forme de L (le long de la rue Charles Buls et de la Grand-Place jusqu’à la tour) est commencée en 1402
par l’architecte J. Van Thienen. Quelques décennies plus tard, on décide d’agrandir l’Hôtel de Ville et on construit l’aile occidentale jusqu’à la rue de la Tête d’Or.
En 1449, une tour monumentale édifiée par J. Van Ruysbroek, vint remplacer l’ancien beffroi. Elle mesure environ 96 m de haut, elle est surmontée d’une statue de
St Michel, oeuvre de M. Van Rode (± 5 m de hauteur) posée en 1454 par la corporation des fondeurs sur un énorme roulement à bille. Cette statue sert de
girouette. Elle a été enlevée pour restauration en 1993.

En 1695, Bruxelles est bombardé durant 2 jours sur l’ordre du Maréchal de Villeroi, commandant les armées de Louis XIV. Plus de 3000 maisons et bâtiments
publics disparaîtront dans la tourmente. Si la structure de l’hôtel de Ville résiste, par contre tout l’intérieur brûle; en quelques heures, les collections d’art et les
archives disparaissent. Immédiatement après le bombardement, la Grand-Place sera reconstruite et l’Hôtel de Ville restauré.

En 1712, Corneille Van Nerven complète le quadrilatère en ajoutant deux ailes (le long de la rue de la Tête d’Or et de la rue de l’Amigo). Cette nouvelle aile
abritera les réunions de l’assemblée parlementaire locale, les États de Brabant.

Au XIXe siècle, on instaure un grand programme de restauration de la tour, des façades et l’intérieur de la partie gothique est renouvelé par Victor Jamar en 1868
dans l’esprit de son maître à penser Viollet le Duc.

Description des salles publiques

Dans le hall d’accueil une allégorie de «l’équité, la fermeté et la bienveillance, vertus du gouvernement municipal» par Xavier Mellery (1845-1921) peintre symboliste
bruxellois et les bustes de LL.MM. le Roi Baudouin et la Reine Fabiola par le sculpteur H. Lenaerts.

L’Escalier des Échevins est orné d’un scène religieuse du Tintoret et d’une nature morte de
J. Fyt.

La Galerie des souverains est décorée de toute une série de portraits des souverains qui ont régné sur nos régions jusqu’à la création du royaume de Belgique après
la révolution de 1830. Le Conseil Communal se réunit en général deux fois par mois dans la salle du Conseil sur laquelle débouche la Galerie.

L’aile arrière avait été construite à l’origine pour abriter les États de Brabant qui se composaient des représentants de la noblesse, du clergé et de la bourgeoisie des
grandes ville du Duché de Brabant. La décoration de la salle du Conseil Communal date du XVIIIe siècle, à l’exception du mobilier qui est moderne:

- les emblèmes de la noblesse et du clergé encadrent le miroir de la cheminée; en vis-à-vis,
se trouvent les armoiries des trois principales ville du duché (Anvers, Bruxelles, Louvain).

- le plafond peint par V. Janssens représente l’Assemblée des Dieux, au centre de laquelle Jupiter tend la couronne de Brabant à une figure représentant le Duché de
Brabant. Plus loin, un autre allégorie porte la bannière avec les armes de Brabant.

L’élément majeur de la décoration est constitué par les trois tapisseries exécutées dans la manufacture bruxelloise Leyniers et Reydams. On sait d’après les archives
qu’elles ont été réalisées en 1717 (au moment de la construction de cette aile). Ces trois tapisseries destinées à être encadrées n’ont jamais comporté de bordures.
Une sorte de condensé de l’histoire du Duché de Brabant est présenté ici à travers trois événements. Ils illustrent les trois dynasties qui ont gouverné entre le XVe et
le XVIIIe siècle.

C’est par ailleurs dans la salle Maximilienne que se réunit le Collège échevinal. Cette assemblée siège une fois par semaine, elle est composée du bourgmestre, des
échevins et du secrétaire communal.

Le nom de cette salle provient du double portrait surmontant la cheminée représentant l’archiduc Maximilien d’Autriche et son épouse la duchesse Marie de
Bourgogne. Leur mariage eut lieu en 1477. Cette union marque le passage des princes belges dans les possessions des Habsbourg. On peut voir par ailleurs un
portrait, par Alfred Cluysenaar, datant du 19e siècle et une partie des tapisseries appartenant à la suite de huit pièces racontant la vie de Clovis, roi des Francs.

Les cartons des tapisseries sont attribués à Charles Lebrun célèbre artiste français décédé en 1690. Elles ont été réalisées à Bruxelles dans l’atelier de Jacques Van
der Borght, comme l’attestait un monogramme disparu. Cette suite de tapisseries appartient à la veine des grands sujets historiques dans lesquels excelle à l’époque
la production bruxelloise. Celle-ci souffrira durement de la concurrence des Gobelins au XVIIIe siècle.

La Galerie Grangé doit son nom à l’artiste qui a réalisé toute la série de portraits des souverains espagnols en 1718. Elle donne sur l’antichambre du Bourgmestre où
se trouvent une série de vues du vieux Bruxelles réalisées par Jean-Baptiste Van Moer (1819-1884) avant les grands travaux de voûtement de la Senne et de
rénovation de la ville sous le mandat du Bourgmestre Anspach.

Bruxelles commencera à se développer à partir du Xe siècle. Lorsque Charles de France
(le frère du roi Lothaire) est nommé duc de Basse Lotharingie par l’empereur Otton II, il érigea un castrum sur une île de la Senne (l’île Saint-Géry). C’était un
endroit stratégique intéressant, d’autant que c’est au niveau de cette île que la Senne cessait d’être navigable. C’est donc tout naturellement au nord de cette île que
se développera le premier port de Bruxelles. D’un bourg rural, Bruxelles deviendra donc petit à petit une ville, et, cela en grande partie grâce à la rivière. En 1561,
on inaugura le canal de Willebroeck dont les bassins seront prolongés jusqu’au coeur de la vieille cité. Dans les siècles suivants, la rivière servit surtout d’égout à ciel
ouvert dégageant des émanations fétides. Lors de chaque averse, les eaux débordaient de leur lit, et toute la ville basse se retrouvait inondée. Enfin, et cela ne se
perçoit pas sur les peintures, les habitations tout autour étaient terriblement insalubres. Les projets de rénovation de la ville seront donc confiés à
Léon Suys, et tous ces quartiers vont disparaître en quelques années: les travaux ne dureront que 4 ans (de 1867 à 1871). La rivière sera donc voûtée et remplacée
par une série de boulevards dans le même esprit que ceux du préfet Haussmans à Paris: des artères larges, rectilignes, aérées.

La Salle Gothique

Elle a toujours été utilisée pour des réceptions, des manifestations officielles. A l’heure actuelle, on l’emploie surtout pour les manifestations culturelles (concerts,
conférences, colloques, ...). Tout le décor intérieur de la salle a été refait, en 1868, par V. Jamaer en style néogothique. Les tapisseries sont les seules dans les
collections de l’Hôtel de Ville qui ne proviennent pas de Bruxelles, la Ville ne possédant plus de manufacture importante depuis 1794. Elles ont été réalisées à
Malines dans les années 1875-1881.

Elles représentent les quatre serments militaires ainsi que des métiers de Bruxelles.

Les corporations bruxelloises commenceront véritablement à jouer un rôle politique à partir de l’an 1421. A ce moment-là, elles s’associeront en neuf nations, pour
participer au gouvernement local, qui jusque-là était uniquement aux mains des patriciens. Elles seront donc très importantes jusque sous l’occupation française qui
va supprimer ce régime et confisquer les biens des corporations. Ainsi donc jusqu’en 1794 ces corporations ont possédé leur maison à la
Grand-Place, ou dans les environs et se réunissaient dans l’Hôtel de Ville.

La Salle des Mariages

Autrefois dans cette salle siégeait le tribunal échevinal de Bruxelles. Depuis le XIXe siècle, elle sert de cadre à la célébration des mariages civils de tous les habitants
domiciliés sur le territoire de Bruxelles-Ville. La décoration (refaite au XIXe siècle) nous rappelle aussi cette fonction:

- une peinture murale par Cardon (1881) représente la Ville présidant au mariage entourée par la Justice et la Loi.

- une broderie art nouveau (modern style) par Isidor et Hélène De Rudder illustre l’Amour et la Loi surmontés d’une ronde d’enfant symbolisant les espérances du
mariage. Au centre, une fleur d’iris: considérée depuis le XIXe siècle comme un symbole de Bruxelles. La légende prétend qu’à l’origine l’Île Saint Géry était
entièrement recouverte de ces fleurs. Cette broderie a été réalisée en 1897; elle est un bel exemple du décor nouveau style qui eut un tel éclat à Bruxelles
véritablement «la capitale de l’Art Nouveau». Cette broderie très fragile a dû être protégée derrière une vitre. Néanmoins, il faut essayer de l’imaginer dans son
emplacement orignal, derrière le siège de l’officier de l’état civil, les deux allégories encadrant exactement ce siège. La présence des corporations et les lignages est
une fois de plus rappelée ici, par les différents blasons dans le plafond. Les statues représentent des personnalités importantes de l’histoire de Bruxelles au XVe
–XVIe siècle.

Enfin, l’Escalier d’honneur a été construit au 19e siècle afin de rendre hommage au pouvoir communal. Il est décoré d’une série de peintures du Comte J. de Lalaing
illustrant dans le style académique différents thèmes relatifs à l’histoire de Bruxelles, ainsi que par les bustes des bourgmestres qui ont gouverné notre cité depuis
l’indépendance du pays en 1830.

 

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